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Traverser un tsunami - Accompagner un jeune endeuillé d'un parent à la suite d'un suicide

Santé mentale adolescentsGestion des émotions
Publié le 25/02/2021
25/02/2021

 Jérémy traverse un tsunami est une histoire pour aider les jeunes endeuillés d’un parent à la suite d’un suicide, mais on y trouve également une section destinée aux parents et aux intervenants qui souhaitent soutenir un jeune qui vit une situation semblable. Voici quelque unes des informations qui s’y retrouvent pour aider à comprendre les différentes facettes de ce deuil particulier et ainsi faciliter le dialogue entre le jeune et l'adulte.

Que comprennent les ados de la mort?

Le développement de la compréhension de la mort s’effectue selon un cheminement développemental qui peut varier d’un jeune à l’autre. Quel que soit leur âge, l’enfant ressent combien l’atmosphère familiale est différente à la suite du décès. Les adolescents se posent habituellement des questions d’ordre paranormal, spirituel et philosophique.(Est-il devenu un fantôme? Veille-t-il encore sur nous? Est-il bien maintenant, là où il est?) On essaie de répondre à toutes leurs questions de façon réaliste et honnête. (C’est un grand mystère ce qui se passe après la mort. Personne n’est jamais revenu pour nous en parler… Certaines personnes croient que…d’autres pensent que…Moi je pense que…Et toi, qu’en penses-tu?)

Comme les jeunes ne saisissent pas toutes les implications de la perte et que leur seuil de tolérance à la douleur émotionnelle est généralement moindre que l’est celui des adultes, ceux-ci vivent leur deuil de manière intermittente. Ils peuvent ainsi manifester un chagrin immense pour ensuite retourner à leurs occupations et quelques minutes plus tard, jouer et s’amuser. D’autres peuvent ne manifester que très peu de réactions dans les premiers temps.

Faut-il annoncer le suicide à l’enfant ou lui cacher la vérité pour le protéger?

Petits et grands se sentent inévitablement bouleversés à la suite d’un décès. L’enfant à qui l’on cache de l’information ressent pourtant que quelque chose de grave ébranle sa famille. Si aucune explication ne lui est fournie, celui-ci s’invente ses propres interprétations et s’imagine des choses qui peuvent être encore plus terrifiantes que ne l’est la réalité. S’il l’apprend par hasard ou par une personne interposée (p. ex. par un voisin, dans la cour d’école, dans les médias), celui-ci se sentira confus et trahi par ceux qui lui ont menti. Bien entendu, il est impossible d’annoncer le suicide d’un proche sans créer de douleur. Sachez que cela est inévitable. Afin d’offrir le soutien nécessaire, de favoriser un lien de confiance avec l’adulte et d’éviter de retarder le processus de deuil, les spécialistes recommandent d’aviser l’enfant du décès de son parent dès que possible.

Autres choses à savoir…

En plus de faire face à une grande perte, le jeune se voit confronté au geste qu’a commis son parent, et, dans bien des cas, à la violence que celui-ci s’est infligé. Dans tous les cas, le suicide ébranle le sentiment de sécurité. Malgré son âge, le jeune prend subitement conscience de l’imprévisibilité de la vie tout en réalisant que l’adulte qui devait le protéger n’est plus. Puisqu’une des personnes qu’il aimait le plus au monde est décédée à un moment où il ne s’y attendait pas, une inquiétude quant à la sécurité des proches qui l’entourent peut s’installer. La recherche de sens occupe une grande place dans le processus de deuil à la suite d’un suicide. Plus le jeune cherche à comprendre pourquoi son parent a agi ainsi, plus celui-ci entre en contact avec de douloureuses émotions. Comme il a encore une pensée égocentrique, il est porté à se culpabiliser et à se dévaloriser en se disant qu’il n’a pas été en mesure de sauver la vie de son parent (p. ex. Si je n’avais pas rouspété, si j’avais été plus gentil… serait-il encore vivant ?) Encore une fois, celui-ci a besoin qu’on le rassure sur l’importance qu’il avait dans la vie de son parent décédé. Aussi, le jeune endeuillé par suicide se sent inévitablement abandonné. Il se questionne quant à la valeur qu’il avait pour son parent. Le parent est souvent celui qui est le mieux placé pour lui dire que son parent décédé l’aimait et que ce geste n’a aucun lien avec sa valeur.

Comment aider le jeune?

  • Prendre soin de soi en tant que parent. Il est important de reconnaitre que de prendre soin de vous en tant que parent vous permet de mieux soutenir votre enfant.

  • Prendre soin du jeune endeuillé. Essentiellement, la tâche de l’adulte consiste à soutenir, à ouvrir un dialogue et à répondre aux questions dans un contexte suffisamment sécurisant pour que le jeune puisse assimiler l’information, partager ses souvenirs et exprimer ses émotions.

Vous trouverez plusieurs stratégies concrètes dans le livre Jérémy traverse un tsunami.

À qui m’adresser afin d’obtenir de l’aide?

Afin de briser l’isolement et de s’assurer que le jeune soit bien épaulé, il s’avère primordial d’aviser le personnel de l’école. En plus d’offrir le soutien d’un intervenant, cela aide à préparer et à sensibiliser les autres élèves à ce qui vit votre enfant.

Il faut surtout ne pas perdre de vue que le cheminement de deuil de l’adulte peut avoir des répercussions sur celui du jeune jeune. Il s’avère tout aussi essentiel que le parent endeuillé demeure à l’affût de ses propres réactions et qu’il accède, lui aussi, aux ressources dont il a besoin afin de vivre son deuil le mieux possible.

Sachez que plusieurs groupes d’entraide pour les jeunes et pour les parents endeuillés sont offerts dans différentes régions. En plus d’offrir l’occasion de s’exprimer et de se sentir moins seul, ils apportent guidance et soutien. N’hésitez pas à leur faire appel.

TEL JEUNES, DEUIL JEUNESSE, 1 866 APPELLE



Pour aller plus loin :

 Jérémy traverse un tsunami: une histoire pour aider les jeunes endeuillés d'un parent à la suite d'un suicide




À propos de l'auteure:



CAMILLE LAGACÉ-LABONTÉ, D. Ps., psychologue 



Camille Lagacé-Labonté est psychologue clinicienne et professeure au département de psychologie du Collège de Maisonneuve, à Montréal. Elle intervient auprès des jeunes depuis plus de quinze ans. Dans le cadre de ses études doctorales en psychologie, elle a travaillé aux côtés de Monique Séguin, Ph. D., et pour le Groupe Mc Gill d’études sur le suicide au Centre de recherche Douglas. C’est d’ailleurs en côtoyant des familles endeuillées qu’elle a eu la motivation de créer cet outil d’intervention.



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