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Traverser un tsunami - Le deuil d'un parent à la suite d'un suicide

Santé mentale adolescentsGestion des émotionsStress et anxiété
Publié le 10/02/2021
10/02/2021

Si tu vis un deuil en ce moment, tu te poses sans doute toutes sortes de questions. Tu trouveras ici quelques informations tirées du livre Jérémy traverse un tsunami  qui pourront t’aider à comprendre ce que tu ressens et tu trouveras également des moyens pour te sentir mieux. Bonne lecture! :)

Qu’est-ce que ça veut dire, vivre un deuil?

Vivre la mort de quelqu’un qu’on aime, ça fait mal. Ça laisse un vide à l’intérieur de soi, une sorte de blessure invisible qui prend du temps à guérir. Être endeuillé signifie apprendre à vivre avec l’absence d’une personne décédée. On utilise le mot deuil pour décrire ce détachement émotionnel qui nous fait vivre toutes sortes de souvenirs et de vagues d’émotions. Par moments, on peut être rempli de beaux souvenirs et d’amour et à d’autres moments, ça ne va pas du tout…

Est-ce que tout le monde réagit de la même façon à un deuil?

Les réactions de deuil peuvent être bien différentes d’une personne à l’autre et elles changent avec le temps. Par exemple, lors de l’annonce d’un décès, certaines personnes sont émotives, alors que d’autres ont l’air indifférentes, comme si ça ne les dérangeait pas, et d’autres encore refusent de croire ce qui s’est passé. Quoi qu’il en soit, tu peux éprouver les mêmes sentiments que les adultes : tristesse, colère, déception, ennui, culpabilité, peur, amour, etc. Selon le contexte, tu peux ressentir certains sentiments plus que d’autres, et ceux-ci peuvent se manifester de toutes sortes de manières. Savais-tu qu’il est normal de te sentir parfois bien et parfois à l’envers durant la journée? Tu n’es pas obligé de te sentir toujours mal! On peut vivre des émotions difficiles pendant un instant, puis se sentir un peu mieux et retourner s’amuser.

Pourquoi certaines personnes se suicident-elles?

Que ce soit à l’école, à la maison, avec tes parents, ou avec tes amis, tu as sans doute remarqué que la vie parfaite, ça n’existe pas! À certains moments, la vie va bien. D’autres fois, ça va plutôt moyen et parfois, ça ne va pas bien du tout. Tout le monde vit des moments de souffrance, mais seulement certaines personnes se suicident. C’est entre autres parce que, lorsqu’elles sont sous l’emprise de la douleur, certaines personnes ne parviennent plus à envisager que leur situation pourrait s’améliorer et qu’elles pourraient se sentir mieux. Elles voient tout en noir et croient que leur vie sera toujours ainsi. C’est insupportable pour elles. Si tu vis des choses difficiles et que tu souffres, ne reste pas seul avec ça. Prends ton courage à deux mains et parles-en à quelqu’un. Si la personne ne t’entend pas, dis-le encore plus fort. Parles-en à quelqu’un d’autre. Demande de l’aide.

Quelles sont les particularités du deuil parental à la suite d’un suicide?

Quand on apprend que quelqu’un que l’on connaît est mort, il peut arriver que l’on se sente un peu comme si on était dans le brouillard ou dans un mauvais rêve… Dans la plupart des cas de suicide, les proches ne se doutaient de rien et ils ont du mal à croire ce qui est arrivé. Ils sont en état de choc.

En plus de faire face à une grande perte, tu es confronté au geste qu’a commis ton parent, et, dans bien des cas, à la violence qu’il s’est infligé. Tu te sens peut-être aussi un peu moins en sécurité et un peu plus méfiant. C’est entre autres parce que la mort et le suicide font réfléchir à des choses auxquelles un jeune de ton âge ne pense habituellement pas.

Si quelqu’un te demande de parler de ton proche décédé ou de la cause du décès, il se peut que tu ressentes un grand malaise. Pour certaines personnes, c’est déjà dur de parler de la mort. Le tabou entourant le suicide dans notre société peut faire en sorte que c’est encore plus difficile d’en parler. Si tu as des questions, pose-les. Tu as le droit de recevoir les bonnes informations. Par contre, rappelle-toi que ce n’est pas tout le monde qui sera à l’aise d’en discuter.

Comment mieux traverser les moments difficiles?

Il arrive à tout le monde de vivre des évènements malheureux. Ça fait partie de la vie. Quand on fait face à des situations difficiles ou à une douleur émotionnelle, il faut être patient et chercher des moyens pour prendre soin de soi afin que la vague de souffrance passe. On appelle résilience la capacité de continuer à vivre, de se développer et d’évoluer même si l’on a vécu des évènements très difficiles ou traumatisants. La personne résiliente cherche à se battre pour aller mieux et pour rebondir. Elle garde espoir. Elle sait que la situation va finir par s’améliorer et elle attrape chaque petit moment de bonheur qui passe.

Savais-tu que la déprime a tendance à s’installer quand l’attention se pose trop longtemps sur des pensées négatives? Continue de travailler fort pour prendre soin de toi. Tu vas voir, ça ira mieux dans quelques temps. Tu vas traverser la vague.

Que puis-je faire pour me sentir mieux?

Quand ça ne va pas, c’est que tu es probablement dans la montée ou au sommet d’une grosse vague de tristesse, d’ennui, de déception, de peur, de colère, de culpabilité, de honte ou d’autre chose, qui vient d’apparaître ou qui est là depuis un certain temps.

La première chose à faire, c’est d’en parler à une personne de confiance. Si c’est difficile de trouver les mots pour dire comment tu te sens, dis-le comment ça vient : « Je me sens pas bien », « C’est tout mêlé dans ma tête », « Je me sens tout croche », etc.

Essaie de décompresser. Tu trouveras une foule de suggestions pour différentes situations dans le livre Jérémy traverse un tsunami.

Par la suite, recharge tes batteries. Fais une activité qui te fait du bien, par exemple : parler à un ami, jouer à un jeu, faire du sport, écouter de la musique, dessiner, faire de la photo, etc.

Vivre la mort d’un parent, c’est bouleversant…

Lorsqu’on perd un parent, on est confronté à sa douloureuse absence. On souffre de ne plus le voir, de ne plus pouvoir partager d’activités avec lui, de ne plus recevoir ses conseils. Il faut apprendre à s’adapter à ce douloureux sentiment de manque et ça, c’est difficile… Mais tu sais, chaque vague d’émotion finit par redescendre. Pour bien des gens, c’est difficile de comprendre ce que tu vis. Ne t’attends pas à ce qu’ils devinent ce que tu ressens! Parfois, le simple fait d’en parler fait du bien. Et en plus, ça permet aux autres de mieux te comprendre. Peut-être qu’ils pourront alors t’aider à te sentir un peu mieux.

Dans le fond, un deuil, c’est un peu comme une blessure qui cicatrise. La cicatrice sera toujours là mais, chez la majorité des gens, elle fera moins mal avec le temps. Chez d’autres personnes, ça restera sensible et même douloureux. Ton travail à toi, c’est d’apprendre à vivre avec les vagues d’émotions que ton deuil va t’amener. Regarde-les, laisse-les passer et prends soin de toi. <3

Et surtout, si tu as besoin de parler, n'hésite pas à contacter les ressources disponibles.

TEL JEUNES, DEUIL JEUNESSE, 1 866 APPELLE


Pour aller plus loin :

 Jérémy traverse un tsunami: une histoire pour aider les jeunes endeuillés d'un parent à la suite d'un suicide


À propos de l'auteure:


CAMILLE LAGACÉ-LABONTÉ, D. Ps., psychologue 



Camille Lagacé-Labonté est psychologue clinicienne et professeure au département de psychologie du Collège de Maisonneuve, à Montréal. Elle intervient auprès des jeunes depuis plus de quinze ans. Dans le cadre de ses études doctorales en psychologie, elle a travaillé aux côtés de Monique Séguin, Ph. D., et pour le Groupe Mc Gill d’études sur le suicide au Centre de recherche Douglas. C’est d’ailleurs en côtoyant des familles endeuillées qu’elle a eu la motivation de créer cet outil d’intervention.




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