Comment distinguer le TOC des habitudes courantes?

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Publié le 18/03/2024
18/03/2024

On entend fréquemment dans le langage courant des ex­pressions comme « cela fait partie de mes tocs » pour faire référence à des tâches réalisées de manière ritualisée, voire perfectionniste (p. ex. toujours ranger ses crayons de la même manière, aligner parfaitement les couverts sur la table). Cet usage populaire contribue à stéréotyper le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), qui est encore bien mal compris aujourd’hui. Or, certains comportements ou certaines habitudes peuvent être ancrés dans le quotidien sans être le signe d’un TOC. Alors, comment distinguer le TOC des habitudes courantes?

Pour répondre à cette question, il importe d’abord de mieux comprendre ce qu’est réellement le TOC. Nous en parlons justement dans notre article de blogue Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC), c’est quoi?

LIRE AUSSI : 5 choses à savoir sur le trouble obsessionnel-compulsif (TOC)

Texte et image tirés du livre 10 questions sur… Le trouble obsessionnel-compulsif chez l’enfant et l’adolescent, écrit par Dorothée Charest-Belzile et Caroline Berthiaume.

TOC ou non TOC?

Répéter une action tous les jours ou avoir de petites routines quotidiennes n’est pas nécessairement le signe d’un trouble obsessionnel-compulsif. D’ailleurs, surtout à l’enfance, il est normal de développer des rituels ou des habitudes pour satisfaire son besoin d’ordre et de prévisibilité.

Les comportements ritualisés deviennent problématiques lorsqu’ils se maintiennent dans le temps, de manière de plus en plus rigide et élaborée, et qu’ils sont faits dans le but de prévenir la survenue d’une catastrophe (p. ex. « Si je ne dis pas “bonne nuit” quatre fois à mes parents, il pourrait arriver un malheur à ma famille »). Ils sont également considérés comme problématiques lorsqu’ils ont tendance à s’allonger et à se complexifier et lorsqu’ils amènent le jeune à imaginer des conséquences négatives irraisonnées et à nier ce qui se passe dans la réalité.

De plus, contrairement aux rituels typiques de la petite enfance, le TOC peut avoir des conséquences négatives sur les plans fonctionnel et développemental, limitant les occasions d’apprentissage du jeune. On dit en effet que, pour que le comportement soit considéré comme pathologique, la personne doit passer un temps considérable à faire des compulsions, soit plus d’une heure par jour. Elle doit aussi vivre beaucoup de détresse, surtout si elle n’est pas en mesure d’accomplir le rituel compulsif. Cela peut limiter sa participation à des activités et sa socialisation, mais également nuire à ses apprentissages, soit parce qu’elle est « prise » à faire des rituels, soit parce qu’elle est absorbée par ses obsessions.

Tableau expliquant comment distinguer les rituels du TOC des habitudes non TOC

Questions à se poser pour distinguer le toc des habitudes courantes

  • L’enfant ou l’adolescent a-t-il des pensées ou des images mentales envahissantes, persistantes et dérangeantes sur lesquelles il ne semble pas avoir le contrôle?
  • Pose-t-il des questions répétitives sans sembler rassuré par la réponse?
  • Évite-t-il certaines situations ou certaines activités?
  • Passe-t-il un temps considérable à réaliser les mêmes gestes?
  • A-t-il des rituels qu’il doit accomplir de manière précise, toujours de la même façon?
  • Est-il ralenti dans ses activités parce qu’il doit accomplir des actions précises ou répétées?
  • Le déroulement d’une journée typique (pour l’enfant et les membres de son entourage) est-il perturbé par des pensées ou des comportements?

Quelques exemples pour distinguer les rituels du TOC des habitudes courantes

Voici quelques exemples permettant de mieux comprendre les différences entre le TOC et les habitudes courantes.

Exemple 1

NON TOC — Marie, 6 ans, a la même routine de coucher depuis plusieurs mois. Elle met son pyjama et se brosse les dents, ses parents lui lisent une histoire (souvent la même!), elle fait un câlin à ses peluches, puis elle se couche. Toutefois, si elle dort ailleurs que chez elle, elle déroge de cette routine sans problème. Il lui arrive de laisser ses peluches à la maison et d’oublier de demander à ses parents de lui lire une histoire.

TOC — Justine, 12 ans, se brosse les dents de manière ritualisée durant 300 secondes chaque soir en effectuant des gestes répétitifs et en comptant de 1 à 300. Si elle se trompe, elle recommence au début. Elle craint d’aller en voyage scolaire, car elle a peur que l’on tente d’arrêter son rituel ou qu’il n’y ait pas assez d’espace pour le faire. Elle se dit qu’elle n’arriverait sûrement pas à dormir ou à continuer ses activités. La dernière fois qu’elle a tenté de dormir hors de la maison, elle s’est retrouvée complètement paniquée à l’idée de ne pas pouvoir faire ses rituels. En pleurs, elle a appelé sa mère qui est venue la chercher chez son amie. Elle ne veut pas revivre cette expérience!

Exemple 2

NON TOC — Lorsqu’il sort du métro, Loïc, 15 ans, se nettoie les mains avec une petite bouteille de désinfectant qu’il traîne dans son sac à dos. Il se lave également les mains avant les repas et après être allé à la salle de bains. C’est une pratique que lui ont enseignée ses parents, et il considère cela comme faisant partie de ses habitudes. Cela ne lui prend pas de temps et contribue à une saine hygiène.

TOC — Lucas, 11 ans, se nettoie systématiquement les mains avec de l’eau et du savon chaque fois qu’il entre dans un endroit (école, bibliothèque, maison d’un ami) et qu’il s’apprête à en sortir. Il a l’impression de se débarrasser d’impuretés qui pourraient le rendre malade ou contaminer d’autres personnes. S’il sait qu’il n’aura pas accès à un lavabo, il préfère ne pas aller à l’endroit en question. S’il n’a pas le choix de se rendre dans un lieu où l’accès à l’eau et au savon est difficile, il s’assure de ne toucher à rien avec ses mains (p. ex. il ouvre les portes avec son pied ou son coude).

Exemple 3

NON TOC — Estelle, 8 ans, s’amuse parfois à sauter à cloche-pied par-dessus les craques de trottoir. C’est un jeu qu’elle a inventé avec ses amies et cela l’amuse.

TOC — Laura, 7 ans, évite systématiquement de marcher sur les craques du trottoir. Elle craint que de faire le contraire n’entraîne une catastrophe pour sa famille, comme un incendie à la maison. Cela allonge les trajets qu’elle fait à pied et irrite plus que tout sa grande sœur, avec qui elle marche pour aller à l’école.

Pour en savoir plus


Couverture du livre 10 questions sur... Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) chez l'enfant et l'adolescent

10 questions sur... Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) chez l'enfant et l'adolescent

Pour mieux comprendre le TOC, ses symptômes, ses conséquences et, surtout, pour apprendre à mieux intervenir auprès des jeunes qui en souffrent.



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