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Pourquoi certains enfants sont plus anxieux que d’autres?

Maternelle et préscolaireGestion des émotionsGestion des comportementsStress et anxiété
Publié le 20/09/2018
20/09/2018


EXTRAIT DU LIVRE 
« Pleurs, crises et opposition chez les tout-petits ... et si c’était de l’anxiété ? » 
de Nancy Doyon et Suzie-Chiasson Renaud.







Imaginons deux poupons qui jouent avec des blocs, côte à côte, à la garderie. Arrive alors un étranger qui vient parler à leur éducatrice. Le détecteur de danger de la petite Victoria n’émet qu’un faible signal d’alerte : elle lève les yeux, observe le monsieur et tourne légèrement la tête lorsque celui-ci s’approche pour lui parler. Chez Samuel, toutefois, le système d’alarme se déclenche de façon très intense. Il écarquille les yeux et arrête de jouer. Son petit cœur bat la chamade et, quand le monsieur s’approche de lui, il se met à hurler...

Pourquoi ces deux enfants réagissent-ils aussi différemment ?
















La règle des trois tiers

Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans le développement de la personnalité, mais nous pouvons diviser ces facteurs en trois grandes catégories : l’enfant lui-même, les parents et l’environnement. Appelons cela la règle des trois tiers, puisque chacun de ces facteurs contribue pour environ un tiers au développement de la personnalité de l’enfant.













L’enfant (le « kit de base »)
Il est question ici de ce qui caractérise l’enfant à sa naissance : son tempérament inné et son bagage génétique, hérité de ses parents.








Le tempérament
Selon les écrits scientifiques, le tempérament dit « inhibé » est celui qui est le plus associé à la présence d’anxiété. Les enfants ayant ce type de tempérament sont décrits comme étant timides, réservés et plutôt passifs. Ils sont également plus tendus et plus vigilants par rapport à la nouveauté, ils explorent moins et sont moins enclins à s’éloigner de l’adulte ou à prendre des risques.








La génétique
Très souvent, lorsqu’un enfant est anxieux, au moins un des deux parents l’est également ou l’a été dans son enfance. En effet, plusieurs recherches tendent à démontrer que l’anxiété peut se transmettre en partie par la génétique.





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Les parents
Les parents, bien qu’ils ne soient pas les seuls responsables de ce que l’enfant devient, jouent évidemment un rôle important dans le développement de sa personnalité. Certains facteurs ont donc un impact, positif ou négatif, sur la présence d’anxiété chez les enfants : le type d’autorité et d’encadrement parental, le modèle proposé, les réactions des parents aux peurs des enfants et le type d’attachement (c’est-à-dire la qualité du lien parent-enfant).








L’autorité et l’encadrement parental
L’établissement d’un encadrement chaleureux et rassurant avec des attentes claires et une discipline alliant fermeté et bienveillance sont des éléments importants afin de nourrir la sécurité affective de l’enfant. Également, la façon dont les parents offriront à l’enfant des défis à sa mesure, en évitant de le surprotéger et de tout faire pour lui, contribuera aussi au développement de sa résilience, de sa confiance en lui-même et en son environnement ainsi que de sa force de caractère.Cependant, certains styles parentaux sont plus susceptibles de générer du stress et de l’anxiété chez les enfants :

  • La surprotection et la tendance à tout faire à la place de l’enfant.
  • L’intervention réactive et imprévisible, les cris, l’abus de mesures punitives et les critiques répétées.
  • L’instabilité, le manque de constance et de cohérence.
  • L’attitude du « parent hélicoptère » qui est toujours derrière l’enfant pour lui dicter sa conduite ou pour relever chacune de ses erreurs.








Le modèle
Les enfants évaluent souvent le risque que représente une situation en observant la réaction de leurs parents. Évidemment, si l’enfant voit maman hurler dès qu’elle voit une araignée, le risque est grand qu’il se mette également à craindre ces petites bestioles. De la même manière, l’enfant qui est en contact avec des parents perfectionnistes risque de comprendre qu’il se doit aussi d’être irréprochable ou performant, et ce, même si ses parents ne le lui demandent pas.







La réaction par rapport à l’anxiété
Même avec les meilleures intentions du monde, il arrive parfois que les parents adoptent des attitudes ou des stratégies d’intervention qui peuvent contribuer au développement et au maintien de l’anxiété de l’enfant. Par exemple, surprotéger l’enfant risque fort de lui inculquer la croyance que le monde est hostile et dangereux tandis qu’à l’inverse, une absence de protection appropriée peut également s’avérer anxiogène pour un tout-petit.







La qualité du lien parent-enfant
De nombreux ouvrages ont établi une corrélation entre le type d’attachement que l’enfant entretient avec ses parents dès son plus jeune âge et la sécurité affective de celui-ci. Un lien d’attachement sécurisant et affectueux, mais qui permet aussi à l’enfant de développer son indépendance, est généralement source d’épanouissement.




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L’environnement et les évènements de vie
Ce que vit l’enfant au fil des années, son environnement physique ainsi que les autres personnes qu’il côtoie influenceront également le développement de sa personnalité.










L’environnement
Le milieu de vie de l’enfant, sa maison, son quartier, la garderie qu’il fréquente, les éducatrices et les copains avec qui il passera ses journées et même les jouets avec lesquels il s’amusera auront également une influence sur son niveau de stress et d’anxiété. Par exemple, l’enfant qui évolue dans un environnement très bruyant ou très stimulant verra plus fréquemment son détecteur de danger s’allumer. De même, de trop fréquents changements dans les routines et dans l’environnement, la multiplication des figures d’autorité ou l’exposition régulière à des scènes de violence (à la télévision, par exemple) seront également anxiogènes pour le tout-petit, qui a plutôt grandement besoin que sa vie soit calme, prévisible et routinière.










Traumatismes et évènements de vie
Certains traumatismes ou évènements de vie peuvent aussi augmenter la sensibilité des enfants à l’anxiété. Pensons par exemple à une séparation, à un accident, à la maladie ou à un traumatisme spécifique (comme être mordu par un chien)... Ces situations laisseront des empreintes dans la mémoire émotionnelle de l’enfant et peuvent faire en sorte que les mécanismes de défense se déclenchent plus facilement par la suite.







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En terminant, il va de soi que la présence de facteurs de risque ne garantit pas la présence d’anxiété chez les enfants. La vulnérabilité à l’anxiété est plutôt le résultat de l’interaction de plusieurs facteurs.


LIRE AUSSI :










https://www.miditrente.ca/fr/produit/pleurs-crises-et-opposition-chez-les-tout-petits-et-si-c-etait-de-l-anxiete



EXTRAIT DU LIVRE
« Pleurs, crises et opposition chez les tout-petits ... et si c’était de l’anxiété ? »
de 
Nancy Doyon et Suzie-Chiasson Renaud.



À propos des auteures


Nancy Doyon

NANCY DOYON, éducatrice spécialisée, coach familial, conférencière et chroniqueuse


Nancy Doyon est éducatrice spécialisée depuis près de vingt ans auprès des enfants, des adolescents et de leurs familles. Elle a travaillé auprès de cette clientèle dans les Centres Jeunesse et dans les CLSC, ainsi que dans les CPE et les écoles primaires et secondaires de la région de Québec. Auteure, formatrice et conférencière depuis plusieurs années, elle est aussi chroniqueuse régulière dans différents médias et elle publie régulièrement des articles sur l’éducation des enfants. 



Suzie Chiasson Renaud

Suzie CHIASSON-RENAUD, psychoéducatrice

Suzie Chiasson-Renaud est psychoéducatrice diplômée de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Son projet de maîtrise l’a amenée à s’intéresser à l’anxiété chez les enfants de 0 à 5 ans. Également formée comme coach familial, elle a oeuvré auprès des familles et dans les CPE. Elle travaille actuellement en milieu scolaire.